L’œil terrestre du mourant
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Ce n’est pas ma découverte personnelle, beaucoup de gens en sont informés, non seulement les Orientaux, mais aussi les Occidentaux.
Lors de l’agonie, la personne mourante peut voir les gens morts ou les autres âmes. Cependant, le monde médical considère que cette situation est une « hallucination ».
Le monde médical estime que si l’on ne dort pas, si l’on ne se repose pas pendant vingt-quatre heures, si le sommeil ou le repos manquent pendant trois jours et trois nuits, cela peut générer des illusions.
Des chercheurs du bouddhisme ont dit que le dharma bouddhique constitue la prajña samâdhi.
La prajña samâdhi est le samâdhi de la manifestation des bouddhas qui se tiennent debout, c’est-à-dire que si l’on réussit la réa-lisation de la mise en application de cette sa-mâdhi, on peut voir tous les bouddhas des dix directions, ils sont là, en face et debout.
Pour voir l’apparition du bouddha, il faut persévérer dans la pratique, en s’abstenant de s’asseoir et de dormir, du matin au soir et du soir au matin, soit qu’on marche, soit qu’on se tienne debout, et on récite attentivement, pendant une échéance de quatre-vingt-dix jours, l’épithète honorifique du bouddha Amitâbha. Voilà la méthode de la prajña samâdhi.
Cependant, si pendant quatre-vingt-dix jours, on n’a pas le droit de s’asseoir ni de
dormir, on récite sans arrêt, le matin comme le soir, le nom du bouddha, et on ne se tient qu’à une corde suspendue quand on est fatigué, pour les gens qui apprennent le bouddhisme et le monde scientifique contemporain, il y aura certainement des hallucinations.
D’après les scientifiques, si un skieur de marathon skie pendant vingt-quatre heures, sans répit, il pourrait, durant sa pratique, voir des gens déformés ou des images étranges se trouver à ses côtés.
Ils tiennent pour certain que ce sont des hallucinations.
Quant à la vision saisie par l’oeil terrestre du mourant, je n’ai pas l’intention de l’étudier ici, je ne donne ni mon approbation ni ma désapprobation. Mais je vais citer un exemple réel, et tout le monde pourra s’y reporter ou l’examiner.
Un agonisant vit son meilleur ami, décédé, se tenir debout à son chevet.
Il raconta : « Il porte un costume, sa chemise est de couleur rouge, un stylo à plume se trouve dans sa poche. »
L’agonisant n’avait jamais assisté aux funérailles de son ami. La chemise rouge lui avait été mise au dernier moment, et le stylo à plume était un cadeau de sa soeur, offert dans ses derniers moments.
Les gens qui entendirent cela furent étonnés.
Je mentionne encore un fait réel :
Un vieillard atteint de démence ne savait pas du tout que son fils et sa belle-fille étaient morts dans un accident de voiture.
Personne ne l’avait mis au courant, cela ne servait à rien, parce qu’il était radicalement dément et ne reconnaissait plus personne. Quand il fut entré en agonie, il prononça pourtant bien clairement : « Mon fils et ma belle-fille sont venus m’accueillir. Ils sont morts depuis longtemps, pourquoi personne ne m’a tenu au courant ? »
Les gens qui l’entendirent furent surpris.
Voici un autre cas :
Un moribond vit tous ses défunts parents se mettre autour de lui, et il les appela l’un après l’autre, sans oublier personne, sauf un.
Tout le monde lui demanda curieusement :
— Pourquoi n’est-il pas venu vous accueillir ?
La personne agonisante se mit à rire et répondit :
— Comment oserait-il ne pas venir m’accueillir ? De son vivant, il avait peur de moi, il n’a donc pas eu le courage de se présenter, mais il est tout de même venu et il se cache juste derrière la porte.
Le mourant avait pointé son doigt. Tout le monde était effrayé.
En outre, ma grand-mère, qui est décédée, quand elle était à l’agonie, avait vu des défunts parents proches venir l’accueillir. Elle ne voulait pas partir, elle les avait frappés avec un marteau en fer jusqu’à l’épuisement. Après quoi elle avait rangé l’outil et s’en était allée. (Cette histoire est déjà mentionnée dans les premiers livres que j’ai écrits.)
Les mourants voient des gens décédés venir les recevoir, ou leur donner une fête. Ce que l’on entend le plus souvent de la bouche des agonisants, c’est qu’ils voient des gens morts. Est-ce qu’ils ont tous des hallucinations ?
Ou bien ne s’agit-il pas d’illusion ?
Évidemment, ce n’est pas une bonne situation de voir des personnes mortes venir nous accueillir. Je considère que c’est le monde des morts et qu’il fait partie des six voies de la réincarnation, c’est un état ténébreux où l’on ne peut jamais acquérir la voie de la délivrance.
Pour ce phénomène de l’oeil terrestre chez les moribonds, on ne dit pas s’il s’agit d’une illusion ou non, mais la probabilité de sa véridicité est pourtant bien élevée. Les agonisants se trouvent dans un monde binaire, ils sont près de mourir mais ne sont pas encore morts, tout ce qu’ils ont vu est pourtant si réel, ce serait le meilleur moment si on leur donnait à cet instant des instructions sur la voie de la délivrance.
