Le bouddha Sakyamuni est-il deprecie ou non ?

■Le bouddha vivant Lian-sheng    Sheng-yen Lu

■Book 200 - L'Eveil parfait et universel

  Une tranche et encore une tranche d'Illumination

   —L'esprit intelligent de la vie—

■Traduit du chinois par Sandrine Fang

■Copyright c Sheng-yen Lu c2013, Editions Darong

 

 

 

Un moine bouddhiste ayant lu le chapitre intitulé « Les bouddhas de la dix-septième Terre » en était fortement surpris. Il me demanda :

— Révérend maître Lu, le bouddha Sâkyamuni est le chef de la religion bouddhique, l'Honoré du monde, le plus noble. Vous avez pourtant classé le Bouddha parmi les bouddhas de la dou- zième Terre et au-dessous de ceux de la dix-septième Terre. Dépréciez-vous ou non le bouddha Sâkyamuni ?

Je répondis :

— Non.

Le moine demanda :

— Mahâvairocana est à la treizième Terre, le bouddha Sâkyamuni à la douzième Terre, et le bouddha Adharma à la seizième Terre. Le bouddha Sâkyamuni n'est-il pas déprécié ?

Je répondis :

— Mahâvairocana est un bouddha au corps de la Loi, de lui sont nés tous les bouddhas, y compris le bouddha Sâkyamuni. Il n'y a pas de différence, ni de distinction entre eux. En fait, ils sont égaux. Quant au bouddha Adharma de la seizième Terre, une partie de la religion tantrique en parle, mais pas tout le monde ; je n'en parle donc pas.

Le moine m'interrogea :

— Eh bien, et les bouddhas de la dix-septième Terre proclamée par le révérend maître Lu ?

Je répondis :

— Les bouddhas de la dix-septième Terre sont les bouddhas de l'absence de nom. Étant donné qu'il n'y a pas de renom, ni de forme, ni d'action, ni d'intervention, ni de dharma, ni d'absence,

pourquoi disputer encore sur le classement de la Terre ?

À ces propos, l'esprit du moine se sentit joyeux et tranquille. Le moine demanda :

— Est-ce que le bouddha Sâkyamuni connaissait l'existence des bouddhas de l'absence de nom à la dix-septième Terre ?

Je répondis :

— Il la connaissait.

— Pourquoi ? demanda-t-il. Je dis :

— Le bouddha Sâkyamuni a dit : « C'est indicible. Je n'ai jamais enseigné un mot. Il n'y a pas de dharma à enseigner. Je n'ai ja- mais exposé la doctrine. » C'est exactement le bouddha de l'absence de nom.

Le moine m'interrogea :

— Il existe une version sur l'existence des Dix Terres du bouddha. Quelle est votre explication ?

Je répondis :

— Il y a Dix Terres dans le Véhicule du Bouddha, car tous les bouddhas les possèdent grâce à leur nature d'égalité, il n'y a pas de distinction de bon et de mauvais entre les vertus des bouddhas. Donc, les Dix Terres sont égales.

Je cite ci-dessous les Dix Terres du Véhicule du bouddha :

1. la Terre de l'intelligence grande et brillante, profonde et difficile à connaître ;

2. la Terre inimaginable des vertus brillantes obtenues par la purification de soi-même ;

3. la Terre du trésor océanique, de la réalité fondamentale absolue, de la bannière du soleil bienveillant et brillant ;

4. la Terre des vertus, de la sagesse, de tous les pouvoirs surnaturels, du mérite de la lumière dorée, subtile et remarquable ;

5. la Terre des vertus brillantes, du trésor puissant et de la grande roue ;

6. la Terre des caractéristiques exploitées, de la lumière flamboyante, immaculée, de l'intérieur de l'espace ;

7. la Terre de fondation de la lumière dissimulée et du monde dharmique, universel et excellent ;

8. la Terre du pouvoir de la sagesse infinie, de l'illumination universelle, du pouvoir de purification, de l'absence d'obstacles, de bornes et de souillure ;

9. la Terre des vertus illimitées, de la dédicace majestueuse et du pouvoir d'illumination ;

10. la Terre de la mer profonde de sagesse de Vairocana. Je dis :

— Dans les Dix Terres du Véhicule du bouddha, les Fruits de bouddha ne sont aucunement inégaux les uns avec les autres, mais il n'y a là que les variations des vertus de tous les bouddhas. En réalité, ils sont tous égaux. Cela est différent des Dix Terres du bodhisattva. Si l'on prouve et obtient le Fruit de bouddha, on pourra ef- fectivement circuler librement dans les Dix Terres du Véhicule du bouddha.

Dans le Sûtra de l'enseignement du Bouddha sur les noms des bouddhas, beaucoup de bouddhas ont le même nom, par exemple, trois cent soixante milliards cent dix-neuf mille cinq cents bouddhas ont le même nom que le bouddha Amitâbha du Monde de la joie parfaite de l'Ouest.

Un grand nombre de bouddhas ont non seulement le même

nom, mais aussi le même titre honorifique.

Si l'on peut comprendre l'existence infinie et illimitée des bouddhas de l'absence de nom, on obtient véritablement l'Éveil !