Ou se trouve le vide ?

■Le bouddha vivant Lian-sheng    Sheng-yen Lu

■Book 200 - L'Eveil parfait et universel

  Une tranche et encore une tranche d'Illumination

   —L'esprit intelligent de la vie—

■Traduit du chinois par Sandrine Fang

■Copyright c Sheng-yen Lu c2013, Editions Darong

Un moine bouddhiste demanda :

— Quelles sont les dix vertus qu'un maître parfait devrait acquérir ?

Je répondis :

— 1. Cultiver constamment sa force de méditation, pouvoir tranquilliser son cœur et calmer ses souffles.

» 2. Cultiver constamment la sagesse, que celle-ci devienne aussi grande que le vaste océan.

» 3. Cultiver et contrôler son esprit, pouvoir transcender ses vertus.

» 4. Atteindre une réalisation plus éminente que celle de ses disciples.

» 5. Aider chaleureusement tous les êtres doués de sensibilité.

» 6. Saisir parfaitement le sens de tous les livres canoniques et des traités bouddhiques.

» 7. Avoir un talent oratoire sans bornes.

» 8. Être soi-même un exemple.

» 9. Franchir les quatre dhyâna (stades de méditation).

» 10. Connaître et saisir la vacuité.

Il est indispensable que chaque grand maître dispose des dix aptitudes que j'ai mentionnées ci-dessus.

Les grands maîtres de notre école du Vrai Bouddha devraient orienter leurs efforts vers ces dix vertus.

Si un grand maître de diamant a un, deux ou même plusieurs manques dans ces vertus, il ne peut être considéré que comme un maître ordinaire.

Si l'on est rigoureux, ceux qui disposent des dix aptitudes, qui méritent le nom de grand maître, ne sont effectivement pas nombreux, vraiment pas nombreux.

Notamment ceux qui sont capables de réaliser la dernière vertu mentionnée : « connaître et saisir la vacuité ».

Un jour, le maître Lian-ji et moi nous rendîmes au marché

« Première Place » pour acheter quelques objets et des vêtements.

Je remarquai deux chemises sur lesquelles était imprimé le mot« vide ». Je dis :

— Ces deux chemises avec le mot « vide » sont vraiment belles. On les porte pour connaître et saisir la vacuité.

De manière inattendue, la patronne du kiosque dit froidement :

— Le vide n'est pas à porter sur le corps. Le maître Lian-ji demanda :

— Comment pouvez-vous parler ainsi ? Je souris et dis :

— Cette patronne n'est vraiment pas quelqu'un d'ordinaire. Évidemment, on ne peut pas porter le « vide » sur son corps.

Je l'interrogeai :

— Où devrait se trouver le vide ? Elle ne répondit pas.

Le maître Lian-ji est moi lui reposâmes la question, la patronne ne voulait toujours pas donner de réponse. Finalement, j'achetai les deux chemises portant le mot « vide ».

Plus tard, je découvris que la patronne avait établi un petit sanctuaire dans le kiosque où elle vendait des vêtements ; elle était bouddhiste.

Le vide est le plus éminent. Si vous cherchez à connaître et saisir le vide, ce sera difficile pour beaucoup d'entre vous. Le vide don't on parle maintenant :

– n'est pas le vide du monde réaliste ;

– n'est pas le vide montré par l'écriture ;

– n'est pas le vide conçu par la pensée ;

– n'est pas le vide opposé à « l'avoir » ;

– n'est pas le vide du sophisme ;

– n'est pas le vide cultivé.

Aujourd'hui, mes saints disciples, je vous soumets ici à un test. Si c'est à vous que je pose la question : « À quel endroit devrait se trouver le vide ? » comment me répondrez-vous, mes saints disciples ?