La véritable fraîcheur(一)

Une nuit, je rêvai de la Mère d’or. Elle venait m’informer :

— Un homme vrai va venir demain.

Il faudrait particulièrement montrer de l’attention !

— Qu’est-ce que l’homme vrai ?

La Mère d’or me répondit dans mon rêve :

— Le don et la douceur sont na-

turels ;  la  bonté  et  la  grande  vertu émeuvent le Ciel ; le cœur aux profonds sentiments d’amour fraternel est habile dans les principes subtils ; le maintien et le comportement reposent sur la voie juste et sur un nuage.

—  Cet  homme  vrai,  quel  est  son nom ? Quel est son prénom ?

La Mère d’or dit :

— Wang Hsi.

— Qu’est-ce que je devrai faire ?

—  Vous  lui  enseignerez  le  Droit

Dharma infini.

*

D’après l’idée de la Mère d’or, je devais transmettre à Wang Hsi les procédés secrets et les points intuitifs du suprême rendement du taoïsme, pré- cisément le Droit Dharma infini et antérieur au Ciel.

Ce rêve était extrêmement clair, ce qui d’ailleurs me surprenait beaucoup, car les disciples qui sont venus demander la transmission du Droit Dharma infini et antérieur au Ciel sont nombreux, mais, après des réflexions d’une grande pro- fondeur, je n’en ai jamais trouvé qui en étaient dignes et je ne l’ai donc jamais

 

transmis.

Bien des gens qui ne sont pas de l’école du Vrai Bouddha, ont su que je possédais le Droit Dharma infini et antérieur au Ciel, ils sont venus dis- crètement me solliciter cet enseigne- ment, mais je ne l’ai jamais communiqué, parce que le Droit Dharma infini et antérieur au Ciel est dans le taoïsme la plus importante méthode, la méthode suprême, la méthode au-dessus de la suprématie, la méthode la plus hono- rable.

Il n’est pas convenable que la trans- mission se fasse illégalement et que la communication se produise furtivement. Si celle-là est illégale, il y aura certaine- ment  une  contrainte ;  si  la  contrainte existe, il y aura certainement un en- gourdissement ;    si    l’engourdissement demeure, le malheur arrivera certaine- ment ; le (la) transmetteur (-trice) et le (la) receveur (-veuse) seront absolument sanctionnés par la loi du Ciel.

La Mère d’or me dépeignit les conduites passées de Wang Hsi :

—  Wang  Hsi  est  quelqu’un  qui

embrasse la Voie, qui comprend la raison et qui est capable de distinguer le vrai du faux, la probité de la déloyauté ; sa per- sonnalité est maintenue intègre en toute situation. Sur le terrain, il considère le vrai et cherche à savoir le faux ; s’étant retiré, il étudie le faux et examine le vrai. La discrimination du vrai et du faux, c’est l’endroit où se trouve la clé du gain et de la perte. Ceux qui peuvent discerner le bien du mal ne rencontrent pas d’obs- tacle  quand  ils  s’avancent ;  ceux  qui maîtrisent toujours toute situation peu-

 

 

vent parler de la Voie.

La Mère d’or de l’Étang de jade affirma :

— Wang Hsi est quelqu’un qui se conforme à la raison du Ciel, se met en harmonie avec les gens ; il ne se trompe pas, il n’est pas infatué, il a un caractère plein de droiture et de franchise, de la force d’âme, de la persévérance.

Le lendemain, il y avait en effet sur la liste des consultants un certain individu nommé Wang Hsi.

Il avait un aspect imposant, sa façon de marcher était correcte, et une lumière bienveillante se dégageait de son corps. Il était effectivement un homme de talent.

Je le mis d’abord à l’épreuve :

— Qu’est-ce que la vie ? Wang Hsi répondit :

— La vie est l’image du cycle des existences.

— Qu’est-ce que la pratique de la perfection ?

— Nager contre le courant de vie et

de mort, chercher à entrer dans la voie du

nirvâna.

Je demandai :

— Participez-vous aux ragots ? Il répondit :

— Je discrimine le bon droit et le

tort, je ne participe pas au commérage !

Je posai la question :

— Vous ne participez pas au com- mérage. Pourquoi ?

Wang Hsi repartit :

— La fraîcheur.

Je demandai à Wang Hsi :

— Quelle sera la durée de votre vie ?

— La longévité, répondit-il.

 

— Si vous avez une longue durée de vie, c’est bien grâce à la continence de la débauche !

— Monsieur en est informé ! dit-il avec un grand étonnement. Dans mon rêve, un esprit divin est venu m’indiquer que je n’aurais vécu que quarante-trois ans, mais comme j’ai refusé la débauche, ma durée de vie a donc été prolongée de deux cycles de douze années. Il n’y a que moi qui sois au courant de cette affaire, je ne l’ai jamais racontée à personne, alors comment le savez-vous ?

J’exprimai :

— Moi aussi, c’est un esprit divin qui me l’a dévoilée. La présumée prédiction spirituelle est justement la révélation de l’esprit divin.

Je continuai :

— Vous avez été affligé d’un cancer à l’âge de quarante-trois ans.

— C’est exact.

— Votre cancer a atteint le stade terminal !

— C’est exact.

— Alors, des esprits divins ont pratiqué une intervention dans un de vos rêves !

— C’est exact.

—   Après  l’opération  chirurgicale faite par les esprits divins, la tumeur cancéreuse a disparu !

— C’est exact, dit Wang Hsi. C’est

une  prédilection  spirituelle  tout  à  fait remarquable !

 

(la suite au prochain numéro)