La perforation de l’intestin(2)

■ Le bouddha vivant Lian-sheng Sheng-yen Lu

■ La Claire Lumière ici et maintenant

Illumination sur le trouble de l'esprit

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang

■ Copyright © Sheng-yen u ©2015, Éditions Darong

 

Il n’aurait jamais pensé que la femme ne le refusât pas ; elle se déplaça et s’assit sur les jambes de Tian Ning. Maintenant, il em-brassa un jade tendre avec un parfum doux. L’esprit de Tian Ning en fut totalement épris, ses deux mains ne furent pas inoc-cupées et, finalement, sa bouche non plus quand ils s’embrassèrent.

Le train s’arrêta, tous les deux descen-dirent du wagon, et ils allèrent dans la direction d’un hôtel obscur.

Bien que cette femme soit dans un ré-cent veuvage, elle brûlait du feu de l’amour. Une fois que son désir était excité, elle de-venait avide de plaisirs charnels, dévorait comme un loup affamé, se livrait sans frein aux plaisirs, s’adonnait à la jouissance sexu-elle, comme s’il n’y avait personne à côté d’elle.

Les doigts de cette femme, comme des tentacules, saisirent fortement Tian Ning. Elle était plus habile que lui ; techniques et positions étaient chez elle diverses et ingé-nieuses ; Tian Ning devenait alors esclave de ses désirs charnels.

*

Je me faisais du souci pour Tian Ning.

Originellement, Tian Ning possédait un souffle céleste, il avait la qualité pour s’exer-cer dans la pratique de la perfection, et j’avais l’intention de le convertir pour qu’il puisse se cultiver, je lui avais même appris en temps ordinaire cette stance :

Tous les péchés que j’avais commis jadis

Sont causés depuis toujours par la cu-pidité, la colère et l’ignorance,

 

Tout ce qui est produit par le corps, les paroles et l’esprit,

Je me le confesse aujourd’hui.

La pratique de la perfection consiste : à supprimer complètement et à purifier par-faitement, par la lumière pure du courant de dharma qui est diffusé par les bodhisattva, les obstacles provenant des mauvais karma com-mis dans les vies antérieures ; à obtenir une nouvelle voie lumineuse ; à ne commettre plus aucun mauvais karma.

J’eus même l’intention de convertir Tian Ning pour qu’il puisse entrer en religion. Il en avait une affinité prédestinée.

Je pensai que ce serait fort merveilleux si Tian Ning renonçait au monde !

Au premier retranchement, il voudrait couper tous les maux ;

Au deuxième retranchement, il voudrait entreprendre toute oeuvre de bienfai-sance ;

Au troisième retranchement, il voudrait secourir tous les êtres.

La bodhi s’accomplirait et le fruit de la réalisation serait parfait.

Après chaque naissance et dans chaque vie, il soutiendrait et défendrait le dharma du Bouddha, il ferait le voeu de bodhi et marcherait sur la voie de bodhisattva.

Aujourd’hui, le rêve était brisé. Dans la méditation silencieuse de la longue nuit, quelle utilité de concevoir tant de rêves ? Je fus rudement tourmenté.

 

Tian Ning était dans la déchéance ! Il s’était enferré dans le piège du désir sexuel.

Je discernai que dans cette masse de brouillards nuisibles qui enveloppait le corps de Tian Ning, il y avait un spectre qui était en train de cracher du gaz néfaste. Ce spectre portait une chemise d’un rouge foncé, un pantalon court, ses deux pieds étaient nus, une de ses mains tenait un couperet. Quand il était en colère, il courait tout autour de Tian Ning, en criant : « Je veux arracher vos intestins ! Je veux morceler vos intestins ! »

Ce brouillard néfaste descendit petit à petit vers le sol.

Je demandai à ce spectre :

— Qui êtes-vous ?

— Un chevillard !

(Plus tard, on a prouvé qu’il était res-ponsable d’un abattoir.)

— Qu’est-ce que vous voulez ?

— Je veux tuer cette personne !

— Pourquoi ?

— Il a violé ma femme ! Je veux qu’il me rembourse par sa vie !

Ayant entendu cela, en raison d’une crainte certaine, je fus encore plus inquiet pour Tian Ning. Effectivement, le défunt mari de cette veuve n’était pas quelqu’un qu’on pouvait irriter. Il ne savait pas qu’il était mort, il s’était déjà transformé en un spectre malfaisant, il surveillait sa propre épouse et voulait faire du mal à Tian Ning.

*

Je voulais sauver Tian Ning.

 

Ma main gauche fit le mudrâ de l’Heure, ma main droite fit le mudrâ du Glaive, et je prononçai cette formule :

Le ciel en rond, la terre en carré, le décret en neuf articles ordonne à l’of-ficier céleste de descendre vite du ciel dans le sanctuaire.

Alors, un esprit divin descendit du ciel, c’était le Magistrat du jour. Il demanda :

— Avec respect et révérence, je des-cends du ciel ma lumière. De quoi s’agit-il ?

Je répondis :

— C’est pour l’affaire Tian Ning !

Le Magistrat expliqua :

— Hélas ! Les moeurs du temps se dé-gradent, le coeur de l’homme s’altère, le désir charnel devient plus fort et le genre humain s’y enfonce de plus en plus profondément en se contrôlant difficilement. À savoir, la pensée de l’être humain est agitée par le coeur, le coeur se dissimule dans le corps ; les gens ne voient pas ce qu’ils font, mais l’esprit divin en est déjà informé. Aujourd’hui, le Ciel est déjà au courant de l’affaire Tian Ning, l’ori-gine divine de ce dernier est déjà supprimée depuis longtemps, il ne peut être sauvé. Que c’est misérable !

Je demandai :

— Son origine de divinité étant retirée, sera-t-il dorénavant exempté du malheur ?

Le Magistrat du jour répondit :

(la suite au prochain numéro)