La rencontre avec le bouddhiste laïc Wang Sui 76

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ Discours abstrus sur la délivrance

« Pointer du doigt la Lune »

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong

 

 

Pour commencer, je voudrais signaler que les personnages et le contexte cités dans ce livre proviennent de temps et d’es-pace différents. Pour la plupart des gens, cette situation est quasiment impossible, mais c’est une chose bien ordinaire pour le révérend maître Lu.

Car :

Dans mon rêve, j’ai rencontré beau-coup de grands hommes dotés de la con-naissance du bien et qui vivaient dans une époque passée et différente. Je tenais des conversations avec eux dans mon rêve, j’ai alors transcrit dans ce livre notre dialogue. C’est une raison pour laquelle le titre de cet ouvrage est intitulé « Discours abstrus sur la délivrance ».

J’ai aussi rencontré dans ma méditation de grands maîtres de contemplation, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. J’avais des conversations avec eux, j’ai consigné notre dialogue, et c’est une raison pour laquelle cet ouvrage est intitulé « Discours abstrus sur la délivrance ».

De plus, je suis quelqu’un qui possède un oeil perspicace, je suis capable de les voir et de les entendre.

Évidemment, dans le temps et l’espace où je vis actuellement, je suis en mesure d’engager des conversations mystérieuses, de parler de ceci et de cela, avec les hommes de haute vertu du temps ancien ; cela ne pose

aucun problème pour moi.

Vous dîtes :

— Vous avez rêvé !

Je dis :

— Tout cela est, à proprement parler, un rêve !

Vous dîtes :

— C’est injustifiable !

Je dis :

— Dans le Ciel et en ce monde ter-restre, tout se trouve dans l’illusion, dans l’ombre d’une bulle ; le monde phénomé-nal est tout à fait vide. Je n’ai qu’une raison, c’est de vous apprendre la formation du coeur de la bodhi et de vous faire reconnaître la nature de bouddha qui est en vous.

Vous demandâtes :

— Tout ce que vous avez écrit est-il vrai ?

Je répondis :

— Ainsi ai-je entendu !

Vous demandâtes :

— Y a-t-il du profit à écrire un livre ?

Je répondis :

— Y ajouter foi, l’accepter et le prati-quer avec respect !

*

Je rencontrai Wang Sui, laïc lié par des engagements bouddhiques, mais qui vit avec sa famille. Il est un descendant dhar-mique de la neuvième génération du maître

 

de contemplation Shou-shan qui vivait au

Mont sacré du Sud. Grâce au maître de contemplation Shou-shan qui avait pointé du doigt la Lune, il obtint le sens subtil de l’Éveil.

Lorsque Wang Sui me vit, il se pros-terna devant moi.

Il me demanda :

— Est-ce que vous vous souvenez que nous sommes de vieilles connaissances ?

Je répondis :

— Ma mémoire est comme de la glace fondue et une tuile brisée.

Wang Sui sortit un papier et me le montra, sur lequel était écrite une stance :

La lumière de la grande salle est éteinte,

À qui parler de la chiquenaude don-née ?

Aller et rester sont fondamentale-ment ordinaires,

Le vent printanier balaye le reste de neige.

Je la lis, et j’éclatai de rire. Je dis :

— Vous n’avez pas bien écrit cette stance. Vous étiez un fonctionnaire, vous avez pourtant écrit « la lumière de la grande salle est éteinte ». Bien que vous compre-niez le coeur, vous ne pouvez confier à per-sonne de votre saisie du coeur. Étant donné

qu’« aller et rester sont fondamentalement

ordinaires », quelle nécessité que le vent printanier balaye le reste de neige » ?

Wang Sui restait bouche bée. Il de-manda :

— Comment pourrait-on mieux écrire cela ?

Je répondis :

— Si c’était moi, j’écrirais ainsi :

La grande salle est la grande salle,

C’est la joie et à la fois sans relation avec ;

Aller et rester sont fondamentale-ment ordinaires,

Il n’y a pas de vent ni de neige.

Mes saints disciples, quels sont vos ju-gements sur cette stance que j’ai compo-sée ?

Écrit en 2012 par le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu.

Les coordonnées de l’auteur :

Le bouddha vivant Lian-sheng

Sheng-yen Lu

17102 NE 40th. Ct.

Redmond, WA 98052

U. S. A.