Discours abstrus sur le déplacement
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance
« Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Lian-hua Chien-ts’ai est gérant d’une boutique d’électroménager et a pris refuge depuis peu dans l’école du Vrai Bouddha. Un jour, sa tête tomba brusquement en avant, sur une table, et il se déplaça, dans un état confus, dans le temple de l’Arc-en-ciel à North Bend, aux États-Unis.
Lian-hua Chien-ts’ai habite à Taïwan et n’est jamais allé aux États-Unis, et pourtant, au moment où sa tête tomba brusquement en avant sur une table, il se rendit lui-même au temple de l’Arc-en-ciel où il vit le Pavillon à Six Angles (que l’on appelle T’ing Yü Hsüan), la statue de Avalokitésvara, la statue du bouddha Maîtreya, les fleurs, le gazon, les pins…
Lian-hua Chien-ts’ai écoutait sur le ga-zon l’enseignement du dharma que le révé-rend maître Lu donnait dans le temple de l’Arc-en-ciel (ou Rainbow Temple).
Le révérend maître Lu lui demanda :
— Le pratiquant qui est sur le gazon, pourquoi n’entrez-vous pas dans la salle pour écouter l’enseignement du dharma ?
Il voulait bouger, mais n’y arrivait pas.
Lian-hua Chien-ts’ai dit :
— J’écoute l’enseignement du dharma sur le gazon !
Alors, je prêchais le dharma sur un siège de la Loi, et Lian-hua Chien-ts’ai l’écoutait sur le gazon. À ce moment-là, il l’avait tout compris, mais après s’être réveillé de la table, il l’avait entièrement oublié. Il raconta cet événement à ses proches parents et ses amis, tout le monde s’exclama d’admiration. C’était vraiment une chose étrange.
Le 15 du mois d’avril 2012, Lian-hua Chien-ts’ai me demanda ce que je lui avais enseigné.
Je lui dis :
— Il ne faut absolument pas gâcher son précieux corps, il ne faut absolument pas gaspiller son temps.
» Il ne faut pas être paresseux.
» Il ne faut pas être impassible.
» Il ne faut pas s’obstiner à penser que toutes les choses sont éternelles.
» Parfaire et entraîner vite votre coeur avec le dharma du bouddha.
» Pratiquer tous les jours et continuel-lement la visualisation, faire de grands ef-forts dans la pratique du dharma, trouver la Mahâsukha (la Grande Joie) constante et s’en remettre librement au destin.
» Les Six Voies1 du samsâra sont de grandes prisons, penser à la Voie de la déli-vrance et la Voie de la bodhi ; prendre refuge auprès d’un grand maître et dans les Trois Joyaux2 est le commencement de la déli-vrance. Il est nécessaire de se repentir, de purifier ses mauvais karmas, d’accumuler continuellement sa part de bonheur et ses vertus, obtenir rapidement et parfaitement le Fruit de bouddhéité.
» Pratiquer sans cesse la visualisation de la vacuité et la miséricorde,
» Avoir parfaitement la capacité pour apporter un bénéfice au monde jusqu’à at-teindre l’état définitif de délivrance.
» Chercher et prouver la nature de boud-dha.
» Rien n’existe : venir, partir, la nais-sance, la mort, l’inconstance, la rupture.
Je dis :
— Pendant votre déplacement, nous avons aussi entretenu des conversations.
Chien-ts’ai me demanda :
— Qu’est-ce que le bouddha ?
Je répondis :
— La partie inférieure d’un tonneau noir est partie.
Chien-ts’ai demanda :
— Qu’est-ce que le dharma ?
Je répondis :
— Pointer du doigt la Lune.
Il demanda :
— Qu’est-ce que ce bas monde ?
Je répondis :
— Un lapin dort dans un nid de faucon.
Il demanda :
— Pourquoi suis-je venu ici ?
Je répondis :
— Vis-à-vis, on ne se connaît pas ; à mille lis de distance, les us et coutumes sont pourtant les mêmes.
Il demanda :
— Quel est l’objectif de ma visite au temple de l’Arc-en-ciel ?
Je répondis :
— Que vous ayez vu en personne l’ar-rivée du révérend maître Lu !
Je dis :
— La vie de Lian-hua Chien-ts’ai était occupée par l’électroménager ; elle a rencon-tré beaucoup de difficultés qu’elle pouvait toujours surmonter l’une après l’autre, et elle en a retourné la situation à son avantage. Si aujourd’hui il ne comprenait pas la déli-vrance, jusque quand attendrait-il alors ? C’est une parole d’encouragement !
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1. La voie du Deva, la voie de l’Humanité, la voie de l’Asura, la voie de l’Enfer, la voie de l’Esprit affamé et la voie de l’Animalité
2. Le bouddha, le dharma et la sangha