Quelques propos du
maître de contemplation Hui-chuëh
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance
« Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Un jour, je me rendis au temple Vairocana
situé dans le district Houli, je trouvai que
je me ferais bonze et que j’avais une union
prédestinée avec le bouddha. (Cette année-là,
je n’étais pas encore entré dans la religion.)
Plus tard, je rencontrai dans mon recueillement
méditatif le maître de contemplation
Hui-chuëh, je remarquai qu’il avait la même
situation que moi.
Le maître de contemplation Hui-chuëh
était originaire de Xi-luo, son père était un
gouverneur de commanderie. Son père mourut
de maladie, le maître de contemplation
Hui-chuëh s’appuya sur le bord du cercueil de
ce dernier et retourna dans son pays natal Xiluo.
Il traversa Fêng-yeng et arriva à la pagode
ancienne Yao-shan, mais il eut soudain
l’impression qu’il était quelqu’un de la pagode.
Le siège de la Loi qui se trouvait là, il s’y
était déjà assis.
Les statues des bouddhas, il les avait déjà
vues.
La porte, il l’avait déjà ouverte.
Le lit de contemplation, il avait déjà
dormi dessus.
Le bâton, il s’y était déjà appuyé.
Ensuite, il se fit bonze, et il obtint le sens
subtil éveillé par le maître de contemplation
Chao Ch’an de la ville-district Fen-yang.
Le maître de contemplation Hui-chuëh
avait quelques propos qui méritent d’être médités
par mes saints disciples :
1
Le Ciel est trop haut pour être
sondé,
La Terre est trop profonde pour
être comprise,
Une nuée et encore une nuée de
nuages blancs volent au-dessus de la
cime d’une montagne,
Les eaux vertes fait entendre le murmure
de l’eau courante et le torrent
encaissé du ravin coule rapidement.
Question : « Avant votre naissance, à
quoi votre naissance servait-elle ? ».
2
Ha ! Ha ! Ha ! Qu’est-ce que c’est ?
C’est le rabâchage perpétuel.
Une barque légère avec une courte
rame flotte sur le centre des ondulations.
Le manteau de joncs et le chapeau
de bambou à larges bords s’abiment
naturellement.
Question : « Dans votre vie présente, à
quoi votre naissance sert-elle ? ».
3
Les brigands insensés sont exterminés,
Les armes à feu soulevées sont supprimées,
Le prince et les ministres s’engagent
dans la même voie,
La mer est calme et le fleuve limpide.
Question : « Pour les pratiquants de la
perfection, quels sont leurs devoirs ? ».
4
Un moine de la montagne forme
parfois avec un coup de bâton un
filet qui couvre le ciel,
Un moine de la montagne forme
parfois avec un coup de bâton un
filet de tissu métis de soie et coton ;
Un moine de la montagne forme
parfois avec un coup de bâton un
lion au pelage doré,
Un moine de la montagne forme
parfois avec un coup de bâton un
crapaud ou un verre de terre.
Question : « Si un moine de la montagne
vous donne un coup de bâton, qu’est-ce que
cela signifie ? ».
5
Si l’on bat l’eau, le poisson aura mal
à la tête,
Si l’on traverse un bois, les oiseaux
qui reviennent au nid seront effrayés
;
On ne frappe pas le tambour au
crépuscule,
On bat la troisième veille1 à midi.
Question : « Qu’est-ce qui se passe ? »
6
Un bâton est élevé, il n’y a pourtant
rien qui soit encore plus élevé ;
Le bâton est déposé, quel est alors
son aspect ?
Question : « Quel est cet aspect ? ».
7
Un bâton sur lequel est portée une
lanterne
Entre dans une salle de bouddha,
Entre en collision avec une statue
du bouddha Sâkyamuni,
Fait tomber en cognant une statue
du bouddha Maitreya,
Le bâton découvert tapote sur une
paume de la main,
Ce sont de grands éclats de rire.
Question : « De quoi rit-on ? »
Le révérend maître Lu est capable de répondre
à ces sept questions posées par le
maître de contemplation Hui-chuëh. Je peux
répondre convenablement en battant la mesure
avec la main. J’en ai obtenu le sens mystérieux.
Pour le montrer par écrit, c’est en
réalité la nature propre qui est en soi.
Maintenant, permettez-moi de demander
aux saints disciples : « Pourriez-vous répondre
à ces sept questions du maître de contemplation
Hui-chuëh ? Vos réponses saisissent-
elles le sens mystérieux ? Correspondentelles
à la subtilité que l’on a citée ci-dessus ? »
Mes saints disciples, essayez d’y répondre !
1 La troisième veille désigne la période du vingttrois
heures à une heure du matin, aux environs de
minuit.