Avalokitésvara donneur d’enfants

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ Discours abstrus sur la délivrance

« Pointer du doigt la Lune »

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong

 

Le 3 du mois de mai 2012, l’âcârya Le-chih de la succursale Yi-chih organisa un banquet et invita le révérend maître Lu à dîner.

L’âcârya Le-chih conduisit un époux vers moi et dit :

— Ils n’ont pas eu d’enfant depuis plus de dix ans. Alors le révérend maître Lu a apposé la main sur leur tête en disant : « Je vous laisse avoir un enfant ! ». Et finalement, ils ont un enfant.

Après avoir écouté ce propos, je sou-ris seulement.

Car ce genre de chose avait lieu fré-quemment.

C’était seulement grâce à l’apposition de la main sur la tête que des époux avaient un enfant.

Ces époux n’avaient pas d’enfant de-puis de nombreuses années, c’était grâce au révérend maître Lu, qui avait apposé la main sur leur tête, que la femme est tombée enceinte et a accouché d’un enfant.

Un jour, dans ma méditation, je vis Avalokiteśvara donneur d’enfants arrivant avec un bébé dans les bras, mais il disparut brusquement. Je vis à nouveau arriver Avalokiteśvara donneur d’enfants, puis il disparut encore brusquement. Je le vis

arriver une troisième fois, il disparut pa-reillement de manière subite. Je le vis ar-river une quatrième fois, et il disparut aussi subitement. Il apparut ainsi bien des fois, Avalokiteśvara donneur d’enfants était ex-trêmement occupé.

J’attendais qu’Avalokiteśvara donateur d’enfants finisse son travail, puis je lui de-mandai :

— Pourquoi êtes-vous si occupé ?

Avalokiteśvara répondit :

— Simplement parce que le révérend maître Lu a accordé la grande prière au gré des gens.

Je dis :

— Je vous prie de l’entreprendre pour moi !

Avalokiteśvara dit :

— Les enfants de bouddha augmen-tent encore !

Je demandai :

— Pourquoi ma parole se réalise-t-elle si efficacement ?

Avalokiteśvara répondit par une stance :

Si on veut connaître l’intention du maître Lu, on doit rester tranquille comme l’eau d’un étang ;

Si on la remue du doigt, un tour-billon se formera naturellement.

Je dis :

— Eh bien, je suis joyeux mais sans rapport avec cela !

Avalokiteśvara dit aussi :

— Être joyeux mais sans rapport avec cela !

(« Être joyeux mais sans rapport avec cela » est le sens excellent de la délivrance. Ce qu’on appelle les Trois Portes de la Délivrance sont « la vacuité », « l’absence de forme » et « l’absence de voeu ».)

J’ai apposé la main sur la tête des disciples, ils ont donc des enfants. Je cite une parabole pour faire une comparaison :

Par exemple, la nature de l’eau est immuable à l’origine, c’est par un facteur conditionnant que l’eau bouge ; si la nature de l’eau est changeante à l’origine, quand retrouve-telle son calme ?

Le Bouddha dit :

Tout dharma naît selon les causes fondamentales et les causes acces-soires,

Tout dharma s’éteint selon les causes fondamentales et les causes acces-soires ;

Mon maître est un grand śramana0F1,

Il a parlé ainsi autrefois.

Nâgârjuna dit :

Aucun objet n’est produit par une cause accessoire,

Aucun objet n’est dissipé par une cause accessoire ;

Lors de son apparition, toutes les causes accessoires se révèlent,

Lors de sa disparition, toutes les causes accessoires s’éteignent.

Mañjusrî dit :

Celui qui vient n’est pas venu,

Celui qui part n’est pas parti ;

Celui que l’on peut voir,

Au contraire, ne peut être vu.

J’ai apposé la main sur la tête des époux, ceux-ci ont alors des enfants ; voilà ce qui est en accord avec les facteurs qui conditionnent la situation, ce qui ne ré-pond qu’au ressort du monde. La naissance d’un enfant du bouddha permet aux gens d’entrer dans la vérité absolue, c’est un secours approprié en ce bas monde.

Si je n’avais pas apposé la main sur la tête des gens, rien ne serait passé ; parce que je l’avais apposé, quelque chose a eu donc lieu.

Pour moi, avoir l’événement est l’ab-sence d’événement. Mes saints disciples, avez-vous compris ?