La perception dans le dix-huitieme ciel du Monde de la forme

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ Discours abstrus sur la délivrance

« Pointer du doigt la Lune »

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong

 

Dans une méditation, un nuage de cinq couleurs apparut dans le ciel. Ce nuage de cinq couleurs descendit tout doucement du ciel. Je m’assis sur la partie antérieure du nuage et le nuage remonta lentement.

J’aperçus un palais, splendide et somptueux, trois personnes vénérables y prenaient place. Je reconnus la première, c’était Padmasambhava ; la deuxième, le roi Chisong Dêzain0F1 ; mais la troisième, je ne la connaissais pas.

Le dernier vénérable me demanda :

— Vous ne me reconnaissez pas ?

Je levai les yeux sur lui, mais je ne le reconnaissais toujours pas.

Le visage du vénérable changea, c’était le gourou Thubten Taerchi.

À ce moment-là, je compris que c’était le gourou Shantarakshita1F2 ! (Le gourou Shantarakshita s’était transformé en gourou Thubten Taerchi.)

Je me prosternai devant Padmasam-bhava, le roi Chisong Dêzain et le gourou Shantarakshita.

Lorsque je me prosternai devant le roi Chisong Dêzain, je compris enfin que j’étais son incarnation.

Je me prosternai devant moi-même ; c’était très amusant.

Plus tard :

Je cherchai dans ma propre mémoire

les relations entre Padmasambhava, le gou-rou Shantarakshita et moi. C’était en fait tellement net. En réalité, le Corps de mé-tamorphose, c’est un corps qui se méta-morphose en deux corps, puis en trois corps ; sa métamorphose peut se faire à l’est, mais aussi à l’ouest. La métamor-phose est effectivement inimaginable.

Padmasambhava donna gracieuse-ment une stance :

Le roi Dêzain m’a accueilli d’abord,

Shantarakshita a avancé un avis pour sauver les Tibétains ;

Trois personnes n’ont pas d’appa-rence à l’origine,

L’Univers Géant2F3 a évolué en des myriades de myriades de mondes.

Le gourou Shantarakshita donna gra-cieusement une stance :

La pratique du bouddhisme exoté-rique peut difficilement dompter les démons,

Un maître du yoga dépêche un ta-lisman pour dompter le démon ;

On a heureusement Lian-sheng qui est arrivé sur le terrain du Tibet,

Les démons spectres peuvent enfin être convaincus.

Le roi Chisong Dêzain composa aussi une stance :

Shantarakshita est un Qilin3F4 du Ciel,

Il a réussi à inviter le maître spirituel Padmasambhava ;

C’était seulement pour un grand événement du Tibet,

Il a laissé des traces comme celle des griffes de grue imprimées dans la neige et la boue.

Padmasambhava, le roi Chisong Dê-zain, le gourou Shantarakshita et moi, tous les quatre rient aux éclats.

Je demandai au maître Padma-sambhava :

— Gourou Rinpoché4F5, vous êtes venu au Tibet, pour quel motif ?

Le maître Padmasambhava répon-dit :

— Pour laisser une empreinte. (Ce n’était que l’empreinte de la main et du pied.)

Je demandai au roi Chisong Dêzain :

— Quel est le motif du roi ?

Le roi Chisong Dêzain répondit :

— La manche du dragon s’ouvre, tout se manifeste. (Tous les bouddhas font appa-raître leur corps, des pieds à la tête.)

Je demandai au gourou Shantarakshi-ta :

— Quel est votre motif ?

Le gourou Shantarakshita répondit :

— Je cherche l’endroit où mon corps s’installe et ma vie s’établit ! (La nature de bouddha.)

Je sortis de mon recueillement médi-tatif, je pensai que cette vision était ex-traordinaire. Je ne discutais pas de choses anciennes, je ne parlais pas non plus sur les faits actuels. En réalité, je ne regarde que les affinités actuelles avec mes saints disciples.

Le moine m’interrogea :

— Quel est le travail actuel ?

Je répondis :

— La respiration. (Même la respiration ne l’est pas.)

Le moine demanda :

— Comment faire de grands efforts pour progresser ?

Je répondis :

— C’est seulement par le même chemin qu’on peut obtenir la progression. (Ce pro-pos, c’est faire de grands efforts pour pro-gresser. Mais qu’est-ce que faire de grands efforts pour progresser ?)

 

 

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1 742-797.

2 725-788.

3 Dans le bouddhisme, un univers géant est compo-sé d’un milliard de mondes, qui constitue le do-maine d’un bouddha.

4 C’est un animal fabuleux de la mythologie chi-noise.

5 C’est une épithète honorifique propre au boud-dhisme tibétain.