L’apparition de Mahâmayûrî

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang 

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong

 

Le 22 mai 2012, à 19 heures, la condisciple Li Tsu-chia qui habitait à Taipei et le député Hsü Chuang entretinrent une conversation avec moi.

La condisciple Li Tsu-chia s’exprima :

— Quand j’ai récité le mantra de Mahâmayûrî quatre cents mille fois, j’ai vu l’apparition de Mahâmayûrî dont la netteté était extraordinaire. Mahâmayûrî a tenu à la main une planche d’ardoise sur laquelle étaient gravés « Je suis la déité d’élection », qui étaient très nets.

Je dis :

— Je vous félicite, votre récitation du mantra a obtenu un succès !

La condisciple Li Tsu-chia demanda :

— J’ai pris le bodhisattva Avalokitésvara aux mille bras et mille yeux pour ma déité d’é-lection. Maintenant, j’ai vu l’apparition de Ma-hâmayûrî qui a dit qu’il est ma déité d’élection. Puis-je demander au révérend maître Lu ? Je dois prendre le bodhisattva Avalokitésvara aux mille bras et mille yeux ou Mahâmayûrî pour ma déité d’élection ?

Je répondis :

— Vous avez bien fait de prendre le bodhisattva Avalokitésvara aux mille bras et mille yeux pour votre déité d’élection. Quant à l’apparition de Mahâmayûrî, c’est bien fait aussi qu’il se soit déclaré pour votre déité d’élection. Vous pouvez prendre le bodhisattva Avalokitésvara aux mille bras et mille yeux pour votre déité d’élection de la nature propre, et Mahâmayûrî pour votre déité d’élection de protection dharmique.

La condisciple Li Tsu-chia demanda :

— Pour mon autel personnel, est-ce que je peux y installer au centre le bodhisattva Ava-lokitésvara aux mille bras et mille yeux, Mahâ-mayûrî à côté droite et Padmakumara à côté gauche ?

Je répondis :

— Ça peut aller.

Et :

La condisciple Li Tsu-chia raconta :

— Une année, j’étais offensée, mon esprit était inerte, je dormais mal, j’étais sans entrain et déprimée dans la journée, ma force d’âme était volée, tout mon corps était sans force. Et juste au moment critique, Padmakumara s’est manifesté à ma fenêtre. Sa lumière était multicolore, ex-trêmement éblouissante. Cette lumière qu’or- dinairement on ne conçoit pas était difficile à décrire par les mots ici-bas ; elle jaillit un instant et disparut un moment, elle a ainsi chassé les énergies négatives de ma chambre, elle les a balayées d’un seul coup. Et dorénavant, il n’y a plus d’offense, les génies des montagnes et des fleuves, les esprits malfaisants des rochers et des arbres sont tous chassés de la maison. Depuis que j’ai vu Padmakumara qui a répandu de la grande lumière, j’ai retrouvé mon sommeil suffisant, je suis pleine de vitalité, le corps dispos, la force de volonté pour mon travail est devenue complètement différente. Tout a démarré de nouveau.

Je dis :

— Padmakumara que j’ai vu est aussi comme ça. Sa lumière dorée est scintillante, éclatante, son éclat de bon augure se forme en mille fuseaux, c’est vraiment impossible de les décrire !

Le moine interrogea :

— La déité d’élection principale est le bo-dhisattva Avalokitésvara aux mille bras et mille yeux, et Mahâmayûrî arrive, est-ce qu’ils entravent l’un l’autre ?

Je répondis :

— Dans le corps humain, il y a le coeur, le foie, la rate, les poumons, les reins… Est-ce qu’ils entravent les uns les autres ou ils s’entraident ?

Le moine répondit :

— J’ai compris.

Je dis :

— Dans le corps d’un pratiquant du boud-dhisme tantrique, on associe souvent les Cinq Bouddhas0F1 aux cinq Mères de Bouddha, les Cinq Protecteurs de Diamant1F2 aux Cinq Roues2F3. En outre, tous les canaux d’énergie représentent les vingt-quatre dâkinî féminins, et tous les états sphériques les vingt-quatre dâkinî masculins.

Il arrive parfois que l’enveloppe charnelle renferme quatre-vingt-six mille anges et saints. Ils fusionnent mutuellement, sans entrer en conflit.

Le moine interrogea :

— Pourquoi Mahâmayûrî s’est montré-t-il des pieds à la tête ?

Je répondis :

— Le Soleil et la Lune sont lumineux !

Le moine demanda :

— C’est seulement pour cela que Mahâ-mayûrî s’est manifesté avec tout son corps. Y a-t-il encore d’autre chose ?

Je lui répondis par une question :

— Mahâmayûrî se trouve à cet endroit, y a-t-il encore un Mahâmayûrî dans un autre lieu ?

Le moine dit :

— J’ai compris.

Je l’interrogeai :

— Si Mahâmayûrî ne s’est pas montré, poseriez-vous encore la question ?

Le moine devint désappointé, complète-ment désemparé.

 

1 Le bouddha Mahâvairocana, le bouddha Aksobhya, le bouddha Amitâbha, le bouddha Ratnasambhava, le bouddha Amoghasiddhi.

2 Hevajra, Cakrasamvara, Ucchusma, Kalachakra, Yamantaka.

3 La Roue de la vacuité, la Roue du vent, la Roue du feu, la Roue de l’eau et la Roue de la terre.