J’ai enseigné le « Hevajra Tantra »

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang 

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong

 

J’ai enseigné, pendant plus de deux ans, le Sûtra de l’estrade du joyau de la loi du sixième pa-triarche et le Hevajra Tantra au Taiwan Lei Tsang Temple.

Le Sûtra de l’Estrade parle du dhyâna.

Le Hevajra traite du Tantra.

Un moine me demanda :

— De quel genre de dharma tantrique le Hevajra Tantra fait-il partie ?

Je répondis :

— C’est l’Utpattikrama et le Shavannakrama. On n’a pas besoin beaucoup de titres pour cela. On peut en prendre un pour réussir sa pratique.

Le moine interrogea :

— Qu’est-ce que l’Utpattikrama ?

Je répondis :

— C’est l’Ordre hiérarchique de la pratique.

Le moine interrogea encore :

— Qu’est-ce que le Shavannakrama ?

Je répondis :

— C’est l’Ordre de l’achèvement parfait.

(L’Ordre hiérarchique de la pratique consiste à pratiquer en suivant le rituel la méthode de la déité d’élection. Pour son excellente interprétation, c’est que le pratiquant et sa déité d’élection s’unissent, puis il pratique le dharma : les roues du sanctuaire et celles du corps du pratiquant fusionnent. Le mantra et le mot-semence de Hevajra se trouvent au milieu de la roue de son coeur, ils sont solides et répandent de la lumière.

Pour la pratique de l’Ordre de l’achèvement parfait, il faut tout d’abord cultiver son ch’i0F1 pour que celui-ci pénètre dans le canal central d’énergie, faire relâcher ses pouls noués, faire fusionner le Feu inhabile et le Point lumineux, et faire manifester la clarté primitive de l’origine.)

Le moine demanda :

— Quelles sont les différences entre l’Utpat-tikrama et le Shavannakrama?

Je répondis:

— Ils sont deux rituels. Pour le premier, on fait de grands efforts pour faire apparaître la déité d’élection et pour réciter le mantra de la déité d’élection. Dans cette pratique yogique, on obtient gratuellement la correspondance avec la déité d’élection.

Pour le deuxième, le bouddhisme tantrique dispose des clés du succès pour la pratique du ch’i, des canaux d’énergie et du Point lumineux. On se sert du mudrâ merveilleux pour prouver et obtenir la Mahâ-sukha (la Grande Joie), et dans l’application mutuelle de la joie et de la vacuité, on peut entrer dans la nature de vide. Suivre cette méthode commode permet de faire sortir la lumière de la sagesse, d’éliminer progressivement les souffles impurs du coeur et de faire apparaître la lumière originelle de la joie et de la vacuité, qui illumine depuis le commencement.

Le moine demanda :

— Qu’est-ce que le sanctuaire du corps ?

Je répondis :

— Le sanctuaire du corps est différent de celui des autres voies. Par exemple, nous con-sidérons que tous les canaux d’énergie sont la Mère yogique et que tous les Points lumineux et les souffles sont le Père yogique, c’est-à-dire que dans le corps séjournent les êtres cé-lestres et la déité d’élection. Ce genre de pratique de la visualisation permet d’engendrer facile-ment la grande joie et d’atteindre rapidement et profondément la Voie.

Le moine demanda :

— Quel est le plus haut état que l’on peut prouver par le Hevajra Tantra ?

Je répondis :

— À travers l’application de la pratique mutuelle, on peut prouver et obtenir la grande joie. Grâce à l’ouverture des canaux d’énergie produite par la grande joie, on peut démontrer et obtenir la lumière. Grâce à la lumière en-gendrée, on peut prouver et obtenir la vacuité. Et finalement, on peut démontrer et acquérir la sagesse des quatre gaités qui font partie de l’Ordre du grand achèvement. C’est l’état de la clarté primitive de l’origine.

Le moine interrogea :

— L’Éveil acquis par la pratique du Sûtra de l’estrade du joyau de la loi du sixième patriarche et celui obtenu par la pratique du Hevajra Tantra sont-ils la même chose ou différents ?

Je répondis :

— Ils sont identiques. La clarté primitive de l’origine est la nature de bouddha. Le Sûtra de l’estrade du joyau de la loi du sixième patriarche fait comprendre la nature de bouddha par la théorie, et le Hevajra Tantra par la pratique. Pour les méthodes du dhyâna, elles renferment également la théorie et la pratique ; le Hevajra Tantra aussi contient la théorie et la pratique. Quant à l’objectif : comprendre le coeur et pénétrer la nature, ils sont parfaitement identiques.

Le moine requit :

— Je désire en savoir les détails !

Je dis :

— Dans l’école du dhyâna, on se sert de la science des causes pour reconnaître et comprendre la nature de bouddha, afin d’éveiller les sens fondamentaux ; dans le bouddhisme tantrique, on se sert de la transformation illusoire et mystérieuse pour éveiller les sens fondamentaux.

Le moine demanda :

— Pourquoi le révérend maître Lu parle-t-il du dhyâna et enseigne-t-il en même temps le Tantra ?

Je répondis :

— C’est l’enseignement de Confucius, l’enseignement de Mencius, l’enseignement du Bouddha, l’enseignement de Lao Tzu.

Le moine demanda :

— Qui est l’ami intime ?

Je répondis :

— L’union d’individus représentant un tout. (C’est un propos extrait du Sûtra du diamant.)

1 Les souffles.