L’ambassadeur a dit ainsi

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang 

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong

 

Le 27 mai 2012, je suis retourné au

Rainbow Temple et au Ling Shen Ching Tze

Temple, à Seattle, aux États-Unis.

Le 30 mai 2012, un fusillade eut lieu dans

le nord de Seattle. Un homme tenant une arme

à feu pénètra dans un bar et tira furieusement

des coups de feu sur trois clients qui s’installaient

dans une salle de café. Ces trois clients

moururent sur-le-champ.

L’assassin sortit du bar, et juste à ce

moment-là, une femme arriva en voiture, le

tueur lui tira un coup de feu, et la femme

mourut.

Le meurtrier s’enfuit à toute vitesse.

Les policiers envoyèrent des hélicoptères et

trouvèrent le tueur en fuite.

Les véhicules de police l’encerclèrent,

le tueur tira un coup de feu sur lui-même

pour se suicider, mais il ne mourut pas tout

de suite, il fut transporté à l’hôpital.

D’après les informations, le tueur ne

connaissait pas du tout les trois victimes, ni

la femme, la motivation de sa tuerie était

inconnue.

La grande Judy qui habitait à Seattle

m’a raconté cette histoire.

Pourquoi l’appelle-t-on la grande Judy ?

C’est pour se distinguer de la petite Judy, qui

est l’épouse de l’ambassadeur Liao Dungchou.

Pour cette affaire judiciaire, un moine me

posa la question :

— Le tueur ne connaissait pas ses

victimes, pourquoi les avait-il tués ?

Je répondis :

— Quand il fait froid, on s’assoit à côté de

la cheminée ; quand il fait chaud, on marche

à côté d’un torrent encaissé.

Le moine demanda :

— Y a-t-il tout de même une raison ?

Je ne répondis pas à la question.

Je tendis un doigt.

Le moine demanda :

— Qu’est-ce que c’est ?

Je répondis :

— La vache folle.

— Pourquoi la vache folle ?

Je répondis :

— Dites-moi, si une vache a contracté

la maladie de la vache folle, est-ce qu’elle la

voulait ou bien elle ne la voulait pas ? lui

renvoyai-je la question.

— Aucune raison.

Je dis :

— C’est exact ! C’est exact !

(Le révérend maître Lu commente : d’après la loi de causalité, on peut dire que les quatre victimes et le tueur étaient liés par l’enchevêtrement de vie et de mort, ils se connaissaient les uns les autres. Par con-séquent, dans cette vie présente, par l’uni-on prédestinée des causes fondamentales et accessoires et par une coïcidence malheu-reuse, les victimes sont tués par le tueur. Une autre explication est ainsi donnée : Ces cinq personnes n’avaient entre eux aucune cause fondamentale, ni aucune cause acces-soire, mais, le tueur ayant semé une graine de tuerie dans cette vie présente, il subira dans sa vie prochaine la rétribution de ses actes selon la loi de causalité ; ainsi le cercle vicieux tourne sans arrêt. C’est la raison pour laquelle les bodhisattva craignent les causes et les êtres vivants ont peur des effets.)

Le moine questionna :

— Quelle est le moral du tueur ?

Je répondis :

— Le coeur d’un homme de pierre ressemble au chanvre.

Le moine demanda :

— Quelle est l’état d’esprit des victimes ?

Je répondis :

— Comme s’ils traversent une rue et sont heurtés par un véhicule !

Le moine questionna :

— On se trouve dans une telle société où existent partout des pièges mortels, comment faut-il se comporter ?

Je répondis :

— C’est une délivrance ici, c’est aussi une délivrance là. Il n’y a pas de lieu où la délivrance n’existe pas.

Le moine demanda :

— Révérend maître Lu, qu’est-ce que vous voulez dire ?

Je répondis :

— L’homme de bois crie, le cheval de fer hennit.

Je dis :

Ah ! Mes saints disciples !

Pourquoi ne méditez-vous pas ce que « l’homme de bois crie » et ce que « le cheval de fer hennit » ?

Si vous le comprenez parfaitement par cette méditation, vous vous libérerez certainement !