Les enfants muets(2)

■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu

■ La Claire Lumière ici et maintenant

Illumination sur le trouble de l'esprit

■ Traduit du chinois par Sandrine Fang

■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2015, Éditions Darong

 

Je montrai à Cheng Chou un décret du Ciel :

Aimer à tenir des propos égrillards et des propos licencieux, faire des discours fallacieux et du badinage, troubler le coeur et la volonté des gens, décrire aussement la conduite d’autrui, dire des paroles flagorneuses et des propos mensongers, nuire aux personnes et diffamer leur réputation, bavarder inconsidérément de la relation sexuelle qui a lieu dans la chambre à coucher, etc. : commettre une fois l’un de ces péchés est compté pour dix fautes, vingt fois pour un péché ; un péché fait perdre une demi-part de la durée de vie, trois cents péchés trois parts de la durée de vie et un degré de l’honneur. 

La durée de vie et la part du bonheur sont réduites suivant le nombre de péchés  commis. Les descendants seront impliqués si le péché est mortel, et le pécheur ou la pécheresse transmigreront alors dans un corps qui sera infirme. 

Après l’avoir lu, Cheng Chou fut saisi d’effroi. Et je lui recommandai de ne plus commettre aucun karma de bouche.

Cheng Chou interrogea :

— Si je me corrige du mauvais karma de bouche, ma fille pourra-t-elle vraiment se mettre à parler ?

Je dis :

— Le régisseur divin des mérites a dit ainsi.

— Comment fais-je un acte de contrition ?

— Faites d’abord un serment de ne plus parler des propos égrillards.

Je donnai à Cheng Chou un « formulaire de serment » :

Le xx du mois xx de l’an xxxx, je fais le serment : moi, disciple xxx, je veux m’abstenir de la débauche, de la conduite dépravée et du propos égrillard. Moi, disciple xxx, je prends un régime végétarien et fais une ablution, je brûle des encens et remplis ce formulaire. Avec révérence, je prête serment devant le siège du saint souverain Wen-chang.

L’homme ancien disait : « La piété filiale devance tous les bienfaits, la lubricité est à la tête de tous les maux. » À partir d’aujourd’hui, je jure de prendre garde au karma négatif de bouche et aux propos égrillards ; jusqu’à la fin de ma vie, mon coeur ne violera pas le serment. Si je récidive, je mériterai d’être puni. 

J’espère que ma contrition me procurera la miséricorde et la commisération des défenseurs du dharma et des esprits divins qui me protégeront, me soutiendront, me donneront des bénédictions tacites, me gratifieront constamment d’une bonne santé et de la tranquillité. Moi, disciple xxx, je rédige avec respect ce formulaire.

Après la rédaction, il faut appliquer le sceau au formulaire.

Après que Cheng Chou eut rempli le formulaire, je le conduisis au temple du saint souverain Wen-chang pour qu’il le brûle dans l’encensoir.

Je vis le régisseur divin des mérites le tenir des deux mains et monter au Ciel.

Dorénavant, Cheng Chou se corrigea du karma négatif de bouche, il ne raconta plus de récits licencieux mais des histoires sans propos obscènes ; et c’était aussi intéressant à entendre.

Il n’agissait pas uniquement ainsi mais pratiquait aussi bienfaits et largesses :

− la distribution des aumônes aux pauvres ;

− la reproduction et le don des livres bienfaisants ;

− la construction de ponts et de routes ;

− le don d’argent pour ériger des temples ;

− l’installation de statues dorées du Bouddha ;

− la récitation du nom du Bouddha et des mantra.

Plus tard, l’épouse de Cheng Chou fit un rêve : elle marchait avec sa fille cadette dans un désert ; la température était torride et elles étaient tellement assoiffées qu’elles ne pouvaient plus le supporter.

Dans son rêve, elle articula inopinément : « Au secours, namo le bodhisattva Avalokitésvara ! »

Le bodhisattva apparut sur-le-champ, tout illuminé. Il se trouvait sur un nuage de cinq couleurs, assis sur une fleur de lotus précieux.

L’épouse vit seulement que le bodhisattva touchait avec une tige de saule la rosée bienfaisante contenue dans son vase pur, et en aspergeait le désert. Une oasis apparut et il y avait beaucoup de l’eau fort limpide.

Alors, l’épouse de Cheng Chou et sa fille s’en abreuvèrent. Après avoir bu de l’eau fraîche, la femme se réveilla.

Que c’est étrange d’en parler, l’épouse de Cheng Chou était d’un tempérament dépressif, avait de l’asthme et des maux de tête ; après son rêve, ses maladies disparurent complètement.

Le plus extraordinaire, c’est que la fille de Cheng Chou se mit à parler et fut guérie de son handicap miraculeusement. Son médecin traitant qui avait établi le diagnostic de mutisme congénital fit de nouveau un bilan et constata que son état de santé était tout à fait celui des gens normaux. C’était carrément inimaginable. Le médecin s’en émerveilla, sans savoir quelle en était la cause. 

Toute la famille de Cheng Chou prit refuge dans l’école du Vrai Bouddha. Le mutisme de sa fille était guéri, mais celui de son fils ne s’améliorait pas. 

Cheng Chou vint s’enquérir de la raison auprès de moi.

J’examinai la situation dans ma méditation, et j’aperçus un morceau de fer.

Je souris amèrement, et lui dis :

— C’est le destin.

Le fer signifie une détermination ferme.

Certaines maladies sont déterminées par le Ciel, certaines autres ont une cause indéterminée. 

Les premières ne peuvent être modifiées, les secondes le peuvent !

(fin)