■Le bouddha vivant Lian-sheng    Sheng-yen Lu

■Book 200-L'Éveil parfait et universel

   Une tranche et encore une tranche d'Illumination

   —L'esprit intelligent de la vie—

■Traduit du chinois par Sandrine Fang

■Copyright © Sheng-yen Lu ©2013, Éditions Darong

J'ai écrit une stance :

Namo le bouddha à la pureté de la nature propre,

Sans souillure, sans attachement, le sens véritable,

Propage d'une naissance à l'autre la religion du Vrai Bouddha,

Porte secours d'une génération à l'autre aux êtres vivants et obtient l'octroi du titre de bouddha.

Cette stance que j'ai composée est celle qui révèle l'Éveil, renferme le dharma qui est attaché au monde et le dharma qui renonce au monde. Elle décrit la pureté de la nature propre qui est sans souillure et sans attachement, qui indique la propagation du Vrai Bouddha, le secours porté d'une naissance à l'autre aux êtres vivants. Elle symbolise « la possession parfaite (de la nature de bouddha) ».

Le bouddha Sâkyamuni dit :

« Tous les êtres vivants possède la nature de bouddha, mais à cause des obstacles, ils ne peuvent pas l'éveiller. »

Quels sont les obstacles ?

– l'avidité, la colère et la stupidité ;

– les Trois Ligatures ;

– le moi ;

– le dharma ;

– les ennuis ;

– les mauvaises habitudes ;

– le trouble de la connaissance.

Quand les obstacles sont complètement éliminés, la nature de bouddha étant toujours là se manifeste nettement, autrement dit, l'Éveil est obtenu.

Même si vous n'avez pas atteint l'Illumination, votre nature de bouddha se trouve là.

Si vous obtenez l'Éveil, votre nature de bouddha se trouve aussi là.

(Il n'y a ni gain ni de perte.)

Bien des gens considèrent que le samsâra① et le nirvâna sont deux domaines indépendants, en disant que les obstacles font partie du samsâra et que la nature de bouddha appartient au nirvâna.

Ils pensent que le samsâra existe dans les Six Racines②, les Six Impuretés③ et les Six Consciences④, qu'il existe aussi dans les Cinq Agrégats : la corporéité, la sensation, la perception, l'action volontaire et la conscience, et même qu'il existe dans la colère, la jalousie, la haine et les pensées erronées.

Je dis pourtant :

« Les éléments constitutifs de ces obstacles sont vraiment enfoncés dans le nirvâna. »

« Ceux qui ont la sagesse devraient rester dans le samsâra et transformer excellemment le samsâra en nirvâna. »

« Ce genre de nirvâna est exactement le dharma qui est attaché au monde et le dharma qui renonce au monde. »

Mon enseignement donne trois significations :

1. la purification ;

2. la possession parfaite en soi (de la nature de bouddha) ;

3. la non-différence entre le samsâra et le nirvâna.

Dans l'école du zen, pour recevoir des disciples, beaucoup de maîtres zen commencent par les rassembler.

Après les avoir rassemblés, les maîtres ne donnent pas d'enseignement, mais ils demandent à leurs disciples de se disperser.

Après leur dispersion, ils les appellent à nouveau.

Quand les disciples tournent la tête, leur maître demande alors :

— Qu'est-ce que c'est ?

Si les disciples ont des facultés aiguës, ils pourront, après une telle stimulation de l'instruction, obtenir sur-le-champ l'Éveil.

Voici mes indications :

– le rassemblement : le samsâra ;

– la dispersion : le nirvâna ;

– qu'est-ce que c'est ? : xx.

Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ?

Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? Avez-vous compris ?

 

 

 

① La Roue des transmigrations ; le cycle des renaissances.

② Les cinq organes des sens et la perception.

③ Les sensations et les perceptions : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le coucher et l'idée.

④ Les six domaines de connaissance par la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher et l'entendement.