Le spectre rancunier（3）
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ La Claire Lumière ici et maintenant Illumination sur le trouble de l'esprit
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2015, Éditions Darong
Je prononçai :
L’être humain ne peut absolument pas se suicider, parce que chaque individu possède dès sa naissance la nature de bouddha. Cette nature de bouddha ne se différencie aucunement du Bouddha. Tout le monde peut atteindre l’état de bouddha à travers la pratique de la per-fection. Le suicide est en quelque sorte l’assassinat d’un bouddha, cet acte fait saigner le corps d’un bouddha, ce genre de péché est extrêmement lourd, mortel. En raison de sa pénitence, on peut seu-lement acquérir une délivrance.
Je formulai :
La rancoeur éprouvée récemment doit être délaissée. Tout ressentiment res-semble à l’illusion, toute affection s’ap-parente à l’ombre d’une bulle, la vie aussi est comme la rosée, comme l’éclair. Le détachement de toute rancune est appelé la délivrance.
Le tourbillon du Yang-tseu-kiang est un cours d’eau qui disparaît vers l’est.
L’écume des vagues fait disparaître des héros.
Le vrai, le faux, le succès, l’échec devien-nent le vide en temps de volte-face.
La montagne verte existe encore là.
Combien y a-t-il de crépuscules ?
L’âme de la femme se mit à parler dans la lampe :
— Au secours, Maître !
Je lui dis :
— Il faut vous sauver vous-même ; dé-laissez votre haine !
— Nous sommes attachés !
— Par qui ?
— Par la Fée mystérieuse du neuvième ciel
— Pourquoi la Fée mystérieuse du neu-vième ciel vous a-t-elle liés ?
L’âme de la femme répondit :
— Nous avons été au temple de la Fée mystérieuse, nous avons sérieusement fait un serment : vivre et mourir ensemble. Nous deux sommes donc ligotés par la Fée mysté-rieuse avec un fil rouge. Je m’attache aujour-d’hui à son corps, ne pouvant plus m’en libé-rer, je vous implore donc de l’aide !
Je me dis, effrayé : « C’est vraiment im-pardonnable de causer soi-même son mal-heur. »
Je demandai à Chiang Chung s’il s’était passé ce genre de chose. Après un moment de réflexion, il confirma le fait. À l’époque où ils étaient très amoureux, ils s’étaient rendus au temple de la Fée mystérieuse du neuvième ciel, situé à la montagne, au centre du pays ; ils s’étaient agenouillés devant l’autel divin, chacun d’eux tenant trois bâtons d’encens à la main, et avaient fait un serment important : « Nous voulons être unis par le mariage vie après vie ; notre amour est inaltérable et éter-nel. Nous prenons à témoin la Fée mysté-rieuse du neuvième ciel. » Ces deux personnes articulèrent en même temps : « Le serment ne se fait pas à la légère, la Fée Mystérieuse en témoigne. »
C’était inimaginable ! Ce serment pro-noncé n’était pas des paroles en l’air, la Fée Mystérieuse les avait réellement attachés en-semble avec un fil rouge. Ici, je voudrais ex-horter le monde : il ne faut pas faire un serment à la légère, il faut réfléchir avant, parce qu’il existe une déité du serment qui s’occupe de ce domaine, et une déité de Sa-maya dans le bouddhisme tantrique. Il ne faut pas penser que ce n’est rien de prêter serment. Les gens font un serment si facilement, comme s’ils mangeaient du chou chinois.
En fait, dès que le serment est prononcé, la déité du serment l’inspecte de façon imper-ceptible ; s’il n’est pas respecté, une punition sera infligée par la déité invisible.
Pour cette affaire, si c’était quelqu’un d’autre qui était venu la résoudre, il n’aurait absolument pas apporté de solution. Heureu-sement, c’était moi, car la Fée mystérieuse du neuvième ciel et moi-même sommes des con-naissances.
Qui est la Fée mystérieuse du neuvième ciel ? Elle est la déité qui accompagne la Mère d’or de l’Étang de jade. Dans la haute Anti-quité, elle était l’enseignante de l’empereur Huang Ti. Lorsque Celui-ci mena une guerre contre Ch’ih Yu, la Fée mystérieuse du neu-vième ciel descendit du ciel pour lui ap-prendre le talisman d’arme, lequel s’imprimait sur les épées ; elle fabriqua au service de Huang Ti quatre-vingts tambours avec la peau du monstre fabuleux K’uei (qui ressemble à un boeuf sans cornes et qui n’a une seule patte) et défit ainsi Ch’ih Yu.
À la période des Printemps et des Au-tomnes, la Fée mystérieuse du neuvième ciel se métamorphosa en une jolie jeune fille, au mont Chung-nan Shan, pour instruire une ar-mée de six mille soldats afin d’aider le royaume Yüeh à réprimer par les armes le royaume Wu. Après cette action, sans pren-dre congé, elle s’éleva dans les airs et s’en alla. En commémoration, le roi du royaume Yüeh édifia un sanctuaire de la Fée au mont Chung-nan Shan. C’est précisément le temple de la Fée mystérieuse du neuvième ciel.
La Fée mystérieuse du neuvième ciel a un disciple nommé Monsieur de la Grotte de nuages blancs. Il a appris toutes les méthodes taoïstes transmises par la Fée mystérieuse. Plus tard, il s’est élevé au Ciel et s’occupe des
livres taoïstes de la Fée mystérieuse du neu-vième ciel.
La Fée mystérieuse du neuvième ciel est d’une lignée taoïste antérieure au Ciel, et d’une transmission directe ; elle connaît le Droit Dharma infini et antérieur au Ciel.
Quant à moi, je suis aussi de la lignée taoïste antérieure au Ciel, pareillement d’une transmission directe, et je dispose du sceau dharmique du Droit Dharma infini et anté-rieur au Ciel.
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En profitant de cette relation, j’infor-mai la Fée mystérieuse du neuvième ciel. Elle dit :
— Couper le fil rouge attaché à ces deux personnes est en fait une chose bien dif-ficile. Eh bien, aujourd’hui, vous êtes venu me tenir au courant, je n’ai donc pas à protester, il vous suffit de l’inciser avec le talisman de coupe.
Le talisman de coupe est l’une des mé-thodes antérieures au Ciel.
(la suite au prochain numéro)
