Le chef de district Yin(2)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ La Claire Lumière ici et maintenant
« Illumination sur le trouble de l'esprit »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2015, Éditions Darong
Le chef de district fut choisi. Celui qui
aurait dû être élu avait subi un échec à
l’élection ; celui qui aurait dû perdre y avait
pourtant réussi. Le résultat du vote était
inattendu pour tous.
Qui serait élu ? Qui serait éliminé ? Évidemment,
ce n’était pas l’homme ordinaire
qui pouvait le prévoir. D’après les sondages
de l’opinion publique, il y avait un petit
écart de points entre ces deux candidats.
Personnellement, je trouvais que cet événement
était étrange. Si on avait fait confiance
aux sondages, pourquoi celui en première
position dans les estimations n’avaitil
pas réussi dans l’élection, alors que celui
qui s’était trouvé en moins bonne position
avait été élu ?
Dans une méditation, je m’élevai au
ciel pour rencontrer une divinité protectrice
de la ville.
Je demandai :
— Pourquoi la chose s’est-elle passée
comme ça ?
La divinité protectrice de la ville répondit
:
— À cause de la suppression de la part
du bonheur.
— Quelle était la cause principale ?
— La transgression du précepte de ne
pas se livrer à la lubricité.
— Est-ce à cause de sa débauche que
celui qui aurait dû être élu a vu sa part de
bonheur supprimé par l’esprit divin ?
— C’est exact.
Je me disais que c’était toujours la débauche
qui faisait le malheur.
La divinité protectrice de la ville me
confia un texte intitulé L’Exhortation versifiée
à l’abstention de la débauche. J’espère qu’après
sa lecture le genre humain se mettra sur ses
gardes.
Voici L’Exhortation versifiée à l’abstention
de la débauche :
Le royaume de l’amour s’étend
immensément et puissamment,
le monde du désir se trouve
dans la torpeur ; l’intelligence devient
une confusion totale, la
stupidité est difficile à vendre. Il
faut penser aux principes moraux
des époux ; la famille honnête
est conduite de façon à ne
pas contrarier la moralité, en
espérant que les enfants, les petits-
enfants et les descendants
mènent à bien la vertu de la
chambre et ne la détruisent pas.
Comment pénétrer dans un
trou ? Il n’y existe absolument
pas d’entremetteur tel que dragon
ou papillon ennuyeux ; le
rendez-vous galant ne permet
pas de rembourser la dette des
canards mandarins mâle et femelle.
La lubricité est à la tête
de tous les maux ; la liste des
criminels est déjà imposante ;
tous les malheurs tombent sur
le corps. L’homme malhonnête
mort de bonne heure de la tuberculose,
s’il est supprimé du re-
gistre des personnes nobles, il
passera toute sa vie dans des
ruelles pauvres et s’attristera vainement
dans la misère ; si sa lignée
est interrompue, qui va
prier devant sa tombe couverte
d’herbes après sa mort ? Chaque
cas est consigné dans L’Invariable
Milieu ; les neuf classiques
confucianistes ne contiennent
pas le traité qui fait s’éloigner
de la lasciveté. Tout le monde
lit les Entretiens de Confucius ; les
Trois Préceptes ne renferment
pas celui qui est applicable à la
jeunesse ; la fougue est en majeure
partie instable, comment
serait-il possible que l’intelligence
et la stupidité ne soient
pas influencées ? Le bon entendeur
convoite d’abord l’argent ;
l’homme fort ne doit pas se servir
de sa virilité pour outrager
une femme veuve dont le veuvage
sera entaché et son défunt
mari pleurera en silence. Si sa
virginité est souillée, la nouvelle
mariée éprouvera de la honte et
concevra une grande perplexité.
Le maître de maison pense que
la vieille domestique est facile à
violer ; le père et le fils couchent
avec la même femme ; ils
trouvent que la nourrice peut
être harcelée, comment la chose
nuisible pourrait-elle être délivrée
? La jeune servante est convoquée,
la puissance du rugissement
d’un lion la fait se sou
mettre
docilement. L’enfant espiègle
fait du simulacre ; la laideur
de l’organe génital du dragon
est encore plus difficile à
comprendre. Le squelette couvert
de chair adore particulièrement
les prostituées dissolues
et dévergondées. Les bodhisattva
miséricordieux se mettent même
en colère contre la souillure
portée sur la pureté d’une bonzesse.
Les Traditions de Tso disent : l’homme a
sa famille, la femme a son propre foyer,
tous les deux ne doivent pas tomber dans
la fornication. Les Mémoires sur les rites disent
: l’intérieur et l’extérieur sont troublés,
le comportement est celui de l’animal, l’extermination
est donc inévitable. Il existe
une langue portant des fleurs éblouissantes
qui rayonnent de couleurs subtiles et trompeuses,
elle amène les gens à la perversion
et à la chute dans la montagne de la perversité,
elle vous fait vous vautrer dans une
mer de souffrances.
(À suivre.)